Voici une autre balade parmi ces lieux magiques qui existent sur toute la planète et qui ont inspiré de nombreux artistes dans le monde. Ce qui me guide, dans mes coups de cœur pour tel ou tel lieu, c’est le thème de la couleur. Je suis souvent attirée comme un aimant lors de mes voyages, par des architectures, des marchés, des jardins où ce qui domine, ce qui saute aux yeux en premier, avant même de s’intéresser à l’objet lui-même, c’est la couleur.

Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un parc que l’on trouve à Barcelone, le Parc Guëll. Oh, ce n’est pas un parc ordinaire, même si l’on peut s’y promener de façon tout à fait habituelle. C’est un parc qui a été conçu par l’architecte Antonio Gaudi, connu dans le monde entier pour ses constructions architecturales fantaisistes et originales, inspirées de l’Orient. On connaît surtout de lui la “Sagrada Familia“, l’église la plus visitée d’Espagne, à l’architecture complètement folle, dont la construction a débuté en 1882 et qui est en train de s’achever seulement à notre époque.

La sagrada familia
                                               La Sagrada Familia

 

Mais revenons à notre parc Guëll, qui était une commande au départ d’Eusebi Güell, un industriel catalan qui le destinait aux familles cossues de Barcelone. L’emplacement était idéal, avec une formidable vue sur la mer et la plaine de Barcelone. Après la mort de M.Güell, le parc est offert à la ville de Barcelone par ses héritiers et devient progressivement à partir de 1926 un parc public très apprécié des barcelonais. Tout comme le jardin Majorelle de Marrakech (cf. un article précédent), c’est aujourd’hui l’un des jardins les plus enchanteurs du monde et il captive chaque jour des milliers de touristes.

Lors de la conception de ce jardin, Antonio Gaudi a laissé libre cours à son imagination, en respectant la végétation existant dans l’ancienne propriété, comme les caroubiers et les oliviers. Son utilisation de formes naturelles façonnées en allées couvertes, galeries et arcades, camoufle admirablement les structures artificielles dans le flanc de la colline méditerranéenne qui l’entoure. Mais c’est avant tout un jardin et il n’y a juste que quelques constructions à l’intérieur du parc qui ont été achevées.

 

2 maisons "champignons"
                                            2 maisons “champignons” à l’entrée du parc Guëll

Lorsque l’on passe la grille du parc, on tombe de suite sur deux maisons en forme de champignon et c’est déjà cela qui impressionne, ces maisons avec des formes tout en rondeur, les toits et les contours des fenêtres en mosaïques colorées. On a l’impression d’entrer dans l’univers de Walt Disney ou mieux, de visiter les maisons des fées.  On entre dans le fantastique, comme dans un rêve, et on ne le quitte plus jusqu’à la sortie du jardin.

On se retrouve ensuite face à des escaliers monumentaux, surmontés d’une salamandre en pierre, toute en couleur.

Escalier monumental
                                               Escalier monumental
Une salamandre en pierre et mosaïques colorées
           Une salamandre en pierre et mosaïques colorées

 

Ce qui est frappant, et ce qui fait entre autres le charme de ce jardin, c’est la décoration qu’a adoptée son auteur. Partout quand il l’a pu, sur les bâtiments, les fontaines, les statues, le banc principal et d’autres constructions du parc, il a appliqué des mosaïques multicolores, en utilisant une technique qu’on appelle le “trencadis”, c’est-à-dire que ces mosaïques sont en fait constituées de morceaux cassés et dépareillés de faïence ou de verres de couleur. L’effet est fabuleux et c’est ce qui attire les yeux et mobilise tous ses sens, dans cette abondance de couleurs et de formes.

Mosaïques colorées- Parc Guëll - Barcelone
          Mosaïques colorées- Parc Guëll – Barcelone
Ensemble de mosaïques - Parc Guëll - Barcelone
Ensemble de mosaïques – Parc Guëll – Barcelone

 

 

 

 

 

 

 

 

Une tête de dragon
  Une tête de dragon

 

Le plus remarquable pour moi, c’est ce banc ondulé, sur lequel j’ai passé beaucoup de temps, regardant autour de moi, admirant simplement. Les couleurs vibrantes des mosaïques sont un plaisir pour les yeux et l’imagination. Ce qui est vraiment remarquable c’est que, lorsque l’on est assis dans une des boucles de ce banc qui ne fait pas moins de 110 mètres de long au total, on est à la fois dans un espace intime et en même temps proche des autres.

Un banc ondulé
                                                                            Un banc ondulé

 

Et pour finir, parlons des galeries, où l’on passe sous de grandes colonnes de pierres rouge-brique tordues, qui semblent pousser hors du sol comme des troncs d’arbres. Bien que ces formes soient plutôt irrégulières, elles semblent étrangement naturelles.

Les colonnes en forme d'arbre
                          Les colonnes en forme d’arbre
Les colonnes... toujours
                            Les colonnes… toujours

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On peut déambuler longtemps dans ce jardin, s’arrêter, pour repartir et s’arrêter encore. Plaisir des yeux, ce terme est plus qu’approprié.

Mosaïques du banc -1

Mosaïques du banc - 2Mosaïques du banc - 3Un petit plus, juste pour vous parler d’Antonio Gaudi (1852-1926) que l’on découvre au fur et à mesure que l’on déambule dans les rues de Barcelone. On est émerveillé par ses immeubles et palais qui ne ressemblent à rien de connu. Certes, il faut aimer les formes souvent ondulantes et asymétriques, sans angles droits, dans lesquelles sont intégrées des éléments de la nature, mais aussi de la céramique, du verre, du bois, du fer forgé. Il est difficile de décrire un style qui n’appartient qu’à lui et qui n’a pas été égalé jusqu’à nos jours. D’ailleurs, à la fin de ses études à l’École d’Architecture de Barcelone, le directeur tint ces propos : « Nous avons accordé le diplôme à un fou ou à un génie. Le temps nous le dira ». Inscrit dans la mouvance de l’Art nouveau, alors en vogue en Europe, il deviendra rapidement le porte-étendard du modernisme, qui en est la variante catalane. Mais son œuvre fut très critiquée par beaucoup de ses contemporains, il tomba dans l’oubli après sa mort et mit très longtemps à être reconnu, d’autant qu’il n’avait pas créé d’école propre, ne s’est jamais consacré à l’enseignement et n’a pratiquement pas laissé d’écrit. Ce n’est qu’à partir des années 1950 que l’on commença vraiment à s’intéresser à ses œuvres (en commençant par Salvador Dali, puis plus tard Le Corbusier, pour ne citer qu’eux), avec l’aboutissement en 1984 par leur inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, inscription justifiée notamment par leur caractère innovant et leur influence majeure sur le développement de l’architecture et de la construction.

Il existe aujourd’hui un nombre impressionnant d’ouvrages sur Antonio Gaudi, que je ne reproduirais donc pas ici. Quelques références cependant sur des livres sur le parc Güell.

https://www.dosde.com/fr/park-guell-cite-jardin-visuelle.html

https://www.dosde.com/fr/park-guell-art-architecture-pocket.html

Coup de projecteur sur le parc Guëll, à Barcelone

Un avis sur « Coup de projecteur sur le parc Guëll, à Barcelone »

  • 20 décembre 2020 à 8h16
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    Je te reconnais bien la passion de ton métier premier qui est l’ethnologue.
    Ta quête t’a emmené dans diverses contrées de la planète en y incluant l’histoire, la rigueur, l’image, les couleurs, le rêve et aujourd’hui le partage
    Merci du voyage
    Bonnes fêtes
    GC

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